Maison et allergies

Nous passons en moyenne 90 % de notre temps dans des lieux clos dont l’environnement est 5 à 10 fois plus pollué qu’à l’extérieur.

Aujourd’hui, un Français sur quatre est allergique. Non diagnostiquée ou non traitée, l’allergie peut s’aggraver. Il est donc important de se montrer attentif aux premiers symptômes afin d’agir au plus vite. Parmi les solutions possibles, intéressons-nous aux gestes simples que l’on peut adopter à la maison dans la vie de tous les jours afin d’enrayer le processus évolutif de la maladie.

 

L’ALLERGIE, C’EST QUOI ?

L’allergie est une réaction anormale et spécifique de l’organisme au contact d’une substance étrangère (allergène), normalement bien tolérée chez la plupart des individus.

Pour que l’allergie survienne, il est nécessaire qu’un premier contact ait eu lieu entre l’allergène et l’organisme du sujet (sensibilisation). C’est pourquoi c’est souvent le deuxième contact qui est le plus problématique. Les symptômes peuvent apparaître à tous âges de la vie, plus ou moins brutalement et s’exprimer sur un mode saisonnier ou tout au long de l’année.

L’allergie peut se manifester sous forme de :

  • rhinite: démangeaison du nez, du palais, congestion ou écoulement nasal, éternuements, perte du goût, de l’odorat, yeux qui piquent, qui grattent
  • asthme : essoufflement, difficultés à respirer, sifflements et sensation d’oppression du thorax, toux sèche irritante
  • conjonctivite: démangeaisons, rougeurs, larmoiements des yeux
  • urticaire: éruption cutanée, gonflement localisé
  • eczéma: peau sèche, rougeurs, démangeaisons.

 

QUI SONT LES ALLERGENES DE LA MAISON ?

La « poussière » n’est que le masque des véritables allergènes de la maison qui sont, par ordre d’importance : les acariens, les animaux domestiques et les moisissures.

Les acariens sont responsables de 75 % des allergies respiratoires. Ce sont des arachnides de 0,2 à 0,4 mm de longueur dont les selles, les sécrétions et les protéines issues de leur carapace en décomposition sont allergisantes. Ils colonisent les poussières, la literie, la moquette, les rideaux, les peluches… Un gramme de poussière peut contenir 2000 acariens et un matelas en héberger 2 millions ! Ils apprécient la chaleur (> 25°) et l’humidité (>50 % d’humidité relative) et se nourrissent de squames humaines et animales, de débris alimentaires et de moisissures. Leur durée de vie ne dépasse pas trois mois, mais les acariens se reproduisent très rapidement.

L’allergie aux animaux domestiques concerne 3 % de la population française. Chiens, cochons d’Inde, oiseaux, nourriture pour poissons peuvent être incriminés, mais l’allergie au chat reste la plus commune des allergies aux animaux.

Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les poils qui sont responsables des problèmes allergiques dans ce cas, mais les allergènes qu’ils contiennent. La substance à l’origine des allergies a été identifiée : il s’agit d’une protéine (protéine Fel d1), produite au niveau de la peau des félins. La particule est également présente dans les squames (pellicules), la salive, l’urine ou les larmes des chats. Sa production étant sous influence hormonale, les chats mâles produisent plus d’allergènes que les mâles castrés ou les femelles. Le contact avec la substance allergisante peut se faire via des vêtements, des coussins, les lits etc… et les allergies peuvent persister longtemps après le départ de l’animal.

L’allergie au chien est bien moins fréquente mais on a pu isoler de la même manière une protéine allergisante appelée Can f1 présente dans ses poils et sa salive.

Les moisissures sont présentes dans  40 % des logements. Elles se développent dans les

environnements humides et peu ventilés comme les salles de bains.

Nombre de plantes arbustives ou décoratives, de fleurs séchées ou coupées sont sources d’allergènes (terre du pot) ou sont par nature allergisantes. A surveiller particulièrement : le ficus benjamina et les plantes originaires d’Asie tropicale.

Les cafards et les blattes vivent dans l’obscurité et peuvent passer inaperçus pendant longtemps surtout dans les cuisines « tout intégré ». Leurs déjections et leur exosquelette (dont ils se débarrassent à chaque mue) sont allergisants.

1 à 6,4 % de la population française est sensible au latex. On en trouve dans la composition des gants de ménage, des semelles de chaussures, des tétines… La liste des allergies croisées au latex s’allonge périodiquement : banane, avocat, kiwi, châtaigne.

Certains allergènes de l’extérieur peuvent s’introduire dans votre habitat, comme les pollens. Graminées, ambroisie, cyprès, bouleau, troène et peuplier sont parmi les plus allergisants.

La mauvaise qualité de l’air intérieur peut être accentuée par des polluants domestiques comme :

  • le tabac, qui est absorbé par les tissus et persiste longtemps dans l’air,
  • les gaz de combustion émis par les cheminées à foyer ouvert, les cuisinières au gaz, les poêles à bois et à pétrole ou encore les chauffe-eau à gaz,
  • les composés organiques volatils recensés dans de nombreux objets de la vie quotidienne tels que peinture, produits ménagers, parfums d’intérieur (bougies, encens), meubles en bois aggloméré.

 

COMMENT PUIS-JE AGIR SUR MON ENVIRONNEMENT INTERIEUR ?

Si vous êtes allergique, le médecin généraliste, le pneumologue ou l’allergologue définira pour vous une prise en charge adaptée à la sévérité de vos symptômes : traitement médicamenteux, éducation thérapeutique, désensibilisation…

Il ne faut pas oublier les  gestes simples de la vie quotidienne qui peuvent permettre d’atténuer les symptômes :

  • Aérer 5 à 30 minutes deux fois par jour, en dehors des pics de pollution, de préférence le matin si vous êtes allergique aux pollens car ils se trouvent en quantité moindre dans l’atmosphère à ce moment de la journée.
  • Réguler l’humidité afin qu’elle ne dépasse pas 50 % en aérant la maison (notamment la salle de bains), les lits et en utilisant un déshumidificateur.
  • Chauffer les pièces entre 18 et 20 ° maximum.
  • Préférer les sols lisses et lavables (carrelage, parquet vitrifié, sols plastiques) aux moquettes et aux tapis, les stores aux rideaux, les meubles fermés (armoires, commodes) aux étagères et limiter le nombre de bibelots.
  • Laisser une dizaine de centimètres entre les meubles et les murs.
  • Préférer un canapé en cuir ou en matière synthétique plutôt qu’en velours ou en tissu.
  • Limiter le nombre de plantes dans la maison.
  • Ne pas fumer à l’intérieur, même à la fenêtre.
  • A la cuisine, conserver les aliments dans des boites hermétiques, s’assurer de la fermeture adéquate des placards.
  • Faire le ménage fréquemment (aspiration et lavage des sols deux fois par semaine). L’eau de Javel est une arme efficace contre les moisissures.
  • Privilégier les produits d’entretien naturels et éviter ceux sous forme d’aérosol.
  • Nettoyer tous les trois mois les bouches d’aération de votre logement et ne pas les obturer.
  • Entretenir la chaudière tous les ans et vérifier les dates de validité des tuyaux de raccordement.
  • Laver les rideaux et les coussins à 60° tous les deux mois.
  • Placer le matelas dans une housse intégrale et certifiée anti-acariens. Constituée de polyuréthane et de coton, elle permettra d’isoler le matelas et d’éviter la prolifération des acariens. La laver deux fois par an.
  • En l’absence de housse, laver les draps une fois par semaine à 60°. Laver couvertures et couettes une fois par mois. Eviter les couettes en duvet naturel et les couvertures en laine. L’oreiller sera choisi en matière synthétique et lavé hebdomadairement.
  • Aspirer le matelas deux fois par semaine à l’aide d’un aspirateur avec filtre HEPA (haute efficacité particules aériennes) au minimum de classe 13 (99,95 % d’efficacité), sans oublier le dessous du lit.
  • Préférer un sommier à lattes.
  • Ne pas négliger le nettoyage régulier des ustensiles de l’aspirateur (brosse, suceur…).
  • Dépoussiérer à l’aide d’un chiffon humide.
  • Privilégier les peluches lavables à 60°.
  • Pour tuer les acariens, le passage au congélateur pendant deux heures dans un sac de congélation alimentaire, l’exposition au soleil, les produits acaricides vendus en pharmacie (insecticide fogger Clément-Thékan®, Acardust®…) sont efficaces. Il ne faut cependant pas oublier qu’ils ne débarrassent pas les objets des allergènes. Et qu’il faut donc aspirer ensuite.
  • Interdire l’accès des chambres aux animaux, rincer leur pelage une fois par semaine à l’eau tiède.

Faut-il interdire la venue d’un chat à la maison ? Outre l’intérêt affectif de l’animal, une étude américaine plaide en faveur du félin. En effet des chercheurs ont démontré que l’exposition aux allergènes du chat peut induire une tolérance, un effet protecteur vis-à-vis de l’asthme allergique de l’enfant, grâce à la fabrication d’anticorps particuliers. Plusieurs facteurs interviennent : génétiques, environnementaux etc… Vous n’éliminerez donc pas forcément l’asthme de votre enfant en congédiant votre matou !

Les substances allergisantes, irritantes, polluantes peuvent donc être présentes en nombre dans notre habitat. Elles peuvent être introduites par l’air extérieur ou par nos animaux domestiques, notre mobilier, nos plantes, nos vêtements, le tabac, etc… Pour lutter contre les allergies, il faut essayer d’identifier ses causes à la maison, pièce par pièce. Sans vouloir tout éliminer, agir positivement sur notre air intérieur fait partie intégrante d’une prise en charge adaptée de l’allergie et peut considérablement aider à améliorer la vie quotidienne des allergiques et des asthmatiques.

 

L'article Maison et allergies est un conseil Groupement Calipharma.